Peur de changer de job : pour en finir avec les idées reçues

Tribune : "Peur de changer de job : pour en finir avec les idées reçues"

C’est la rentrée, c’est la période des bonnes résolutions : c’est le moment de se donner les moyens de s’épanouir au travail. La conjoncture n’a jamais autant souri aux cadres avec 280 000 recrutements prévus cette année, et même un nouveau record à 300 000 attendu en 2021. Six entreprises sur 10 envisagent d’embaucher un cadre au cours du 3ème trimestre et deux tiers des recruteurs se plaignent du manque de candidatures. Et pourtant, quelque chose retient les cadres. La peur de l’inconnu se cache parfois derrière des idées reçues qu’il faut parvenir à déconstruire pour réussir à prendre son envol.

28 août 2019
Idée reçue numéro 1 : je suis trop âgé pour quitter mon entreprise

45 ans : c’est l’âge fatal, celui où on l’on basculerait du jour au lendemain dans un autre monde, celui des seniors victimes d’une obsolescence programmée. Et pourtant… Nombreuses sont les entreprises qui n’envisagent plus ce seuil comme l’âge du dernier poste. Et nombreux sont les quadras avancés et les jeunes quinquas qui restent dans la course à force de mettre régulièrement à jour leurs compétences. Nous les retrouvons dans nos short-lists de candidats. Leurs CV affichent des formations récentes, du temps passé sur de nouveaux outils ou des sessions à se faire coacher. Résultat : ils ne sont pas trop chers pour le marché puisqu’ils ont ajouté des cordes à leur arc qui les rendent aussi compétitifs que leurs cadets. Ils ne se résignent pas, et ne renoncent pas à briguer un autre poste, dans leur propre entreprise comme dans une autre. Voire de bifurquer vers le management de transition. Tout est une question de mindset.

Idée reçue numéro 2 : mieux vaut attendre le jackpot du licenciement

Un licenciement, ou un accord de départ bien négocié, est l’assurance d’une grosse somme empochée, surtout si l’on affiche une grande ancienneté. Une somme à laquelle s’ajoutent deux années d’indemnités chômage rondelettes. Alors, les cols blancs qui aimeraient bouger sont tentés d’attendre. Pourtant, ce calcul est non seulement dangereux pour la santé, mais il va bientôt s’avérer financièrement has been. Dangereux car le dos rond qu’il faut afficher conduit souvent au placard, au bore-out voire au burn-out pour ceux qui tentent de résister. Quant au jackpot évoqué et fantasmé, il est actuellement entamé : la réforme du chômage, qui entre en vigueur au mois de novembre prochain, va limiter les indemnités, et les rendre dégressives. Quant aux barèmes des prudhommes, ils sont déjà limités. Cette volonté gouvernementale à pousser les salariés à prendre des risques, destinée à fluidifier le marché du travail, constitue un mouvement irrémédiable. Alors, plutôt que de s’y opposer vainement, il faut les anticiper et enrichir ses compétences ailleurs pendant qu’il en est encore temps.

Idée reçue numéro 3 : l’herbe n’est pas plus verte ailleurs

Malgré un taux de chômage qui ne dépasse pas les 4%, on estime à moins de 10% les cadres, de tous âges, de tous sexes et de toutes compétences qui osent tenter l’aventure de l’ailleurs. C’est certes une bonne nouvelle pour les employeurs qui cherchent à fidéliser tant il leur est difficile de recruter aujourd’hui. Mais du point de vue du cadre, la fidélité devient un investissement à risque. Etre resté dans la même entreprise pendant 10 ans, 15 ans, 20 ans… envoie un signal d’obsolescence et non d’agilité. Le cadre expérimenté se retrouve en position défensive alors que le marché recherche des profils au contraire très mobiles dans leur tête en recherche du « bon » job. Bien sûr, le fidèle peut toujours se rassurer en se disant que toutes les entreprises se valent, que tous les jobs finissent par devenir ennuyeux ou routiniers et que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Mais il existe une recette simple pour se convaincre de la réalité ou pour l’infirmer : postuler et passer des entretiens. Et faire parler les recruteurs, en dépassant le simple storytelling d’une marque employeur, en posant des questions, en challengeant le recruteur sur le poste proposé, sa cohérence, son utilité, voire son impact. Cette quête de sens est aujourd’hui très bien perçue. Il faut dire que le candidat est en position de force quand on sait que la première raison invoquée par 67% des recruteurs pour expliquer leurs difficultés de recrutement est… le trop faible nombre de candidatures reçues.

On le voit, entre l’enthousiasme béat et la peur de toute transformation, il existe une troisième voie : celle de la volonté de progresser, de changer, de se sentir mieux dans sa carrière et dans sa vie.